有人如无,无人如有 Yǒu rén rú wú, wú rén rú yǒu :
« Avec l’adversaire, agir comme seul. Seul, agir comme face à l’adversaire ».
Tuishou – Travail à deux
Définition
Tuishou (推手 ; Tuī Shǒu) signifie littéralement « pousser mains », et est aussi souvent appelé « mains collantes ». Il s’agit de la 3ème forme à mains nues du Taiji Quan.
Le Tuishou est un travail à différents niveaux de codification à deux, dont le but est dans un premier temps d’apprendre les positionnements face à un adversaire en contrôlant les articulations, puis d’étudier les changements de direction et développer ainsi l’adaptation et l’écoute de l’autre. Dans un second temps, cette forme sert de support aux applications martiales.
Le Tuishou intègre de nombreuses techniques telles que les Qinna (擒拿 ; qínná : saisies et luxations), les frappes des poings, des coudes, des épaules, des hanches, les projections, les blocages où verrouillages, les immobilisations, les balayages.
L’apprentissage du Tuishou débute traditionnellement lorsque la première forme est maîtrisée, afin de mettre la technique corporelle acquise au service du combat. Sans technique préalable, le Tuishou n’aura qu’une portée très limitée voir nulle, et restera aussi inefficace que désagréable. Par contre, la pratique du Tuishou devient indispensable à un certain niveau de pratique, car c’est à travers le travail à deux que l’on valide la pertinence de la technique de la forme. Le Tuishou permet de comprendre les erreurs, et c’est ensuite en retournant à la pratique du Di Yi Lu que l’on effectue sa progression avec les nouvelles orientations. Une application martiale n’est vraiment maîtrisée que lorsque qu’on est capable de l’utiliser lors des Tuishou et avec différents partenaires. Un enseignant qui ne connait pas l’utilisation correcte des mouvements aura du mal à transmettre les bases même des premiers mouvements, et transmettra une boxe vide.
La règle du Tuishou
La règle de la pratique se résume dans le contact permanent de l’adversaire. La main (qui n’est pas toujours à prendre au sens littéral) suit constamment l’autre dans un contact le plus léger possible et sans jamais le perdre, quels que soient les changements de rythme, de direction, de force. Il faut agir comme pour la pratique de la forme à mains nues, sans « casser » le mouvement, c’est à dire ne pas lâcher, ne pas forcer, ne pas s’arrêter. Dès lors que les mains perdent le contact, on rentre alors immédiatement dans le combat libre, sortant ainsi du travail.
Toutes les articulations doivent être contrôlées ; la main, le coude, l’épaule, et pour cela différentes combinaisons sont possibles. Par exemple on dit dans certaines circonstances que la main (la sienne) regarde la main (de l’autre), la main regarde le coude, la main regarde l’épaule, ou encore, le coude regarde la main, le coude regarde le coude, le coude regarde l’épaule etc.
L’objectif ultime étant de « connaître l’autre sans se laisser connaître » (principe tiré du Sunzu Bingfa, l’art de la guerre). Pour connaître l’autre, un seul point de contact est insuffisant, mais dès lors que l’on possède trois points de contact, il est possible de travailler sans regarder l’adversaire, et même en fermant les yeux tout en sachant anticiper le moindre mouvement.
« 手势两扇门,全靠步赢人 » ; shǒu shì liǎng shàn mén, quán kào bù yíng rén
« La gestuelle des mains ne sont qu’agitation, la victoire vient des déplacements »
La progression du Tuishou
Pour aborder le tuishou convenablement, il convient d’être assidu dans sa pratique de la forme à main nue (DiYiLu). La progression dans le tuishou est structurée par une succession d’exercices codifiés, dont la complexité et la vitesse augmentent pour progressivement arriver au combat libre.
Les Tuishou se classent en quatre grandes catégories, et chaque catégorie possède plusieurs étapes et plusieurs méthodes.
Les Tuishou fixes (剜花推手 ; wān huā tuīshǒu) :
Ont pour objectif principal l’adaptation des mouvements du haut du corps dans toutes les directions possibles et à différentes distances, en partant du contact des mains jusqu’au corps à corps où les épaules s’enroulent sur le partenaire. Les différentes codifications permettent d’étudier tout les cas de figure de positionnement face à l’adversaire.
- 8 Tuishou simple (单挽花 dān wǎn huā tuīshǒu). Ces 8 tuishou permettent l’étude des différentes directions des mains, et d’apprendre à « changer », dans toutes les directions.
- Moitié du pas fixes (半定步推手 ; bàn dìng bù tuīshǒu)
- Pas fixes (定步推手 ; dìng bù tuīshǒu). Les deux dernières techniques sont particulièrement adaptés dans l’étude du corps à corps.
Le Tuishou mobile (活步推手 ; huó bù tuīshǒu) : reculer de un pas et avancer de un pas
Cet exercice inclut tout les changements du haut du corps étudiés lors des Tuishou fixes avec un premier déplacement provoquant une inversion de rôle.
Les Tuishou à déplacements circulaires (花脚步推手 ; huā jiǎo bù tuīshǒu) :
Les techniques de déplacement sont très variées, modifiant les distances, favorisant soit l’écoute soit l’attaque, l’allonge, l’esquive ou l’effet de surprise. Sur la base du Tuishou mobile, les déplacements sont progressivement de plus en plus complexes et rapides ;
- reculer de un pas et avancer de deux pas
- reculer de un pas et avancer de trois pas
- reculer de un pas et avancer de quatre pas
Les méthodes de déplacement se classent en deux catégories principales :
- petits pas circulaires (小花步 ; xiǎo huā bù)
- grands pas circulaires (大花步 ; dà huā bù)
Tuishou à déplacements libres (散步推手 ; sǎn bù tuīshǒu) :
Le contact est toujours gardé, mais contrairement aux précédents exercices, les changements du haut du corps ainsi que les déplacements ne sont pas codifiés. Dès lors qu’une force s’oppose il faut changer immédiatement sans se soucier d’une chorégraphie.
Lorsque toutes les étapes précédentes sont maîtrisées, le contact disparaît progressivement et l’on rentre alors dans le Sanshou (combat libre).