Di Yi Lu ; Première forme – Forme lente


Le « Di Yi Lu », également appelé « grande forme » (大架 ; dà jià) est le premier des enchaînements codifiées de la vieille forme du style Chen (陈式老架 一路 ; Chén shì lǎo jià yī lù).

Un enchaînement est aussi appelé une « forme ». Mais afin d’éviter la confusion avec les différents courants du Taiji Quan style Chen que l’on appelle « vielle forme », « nouvelle forme », « petite forme », le terme d’enchaînement est généralement utilisé ici.

Ce premier enchaînement constitue l’essentiel de la pratique et du support d’apprentissage, du débutant jusqu’à l’expert. Il est particulièrement long et complexe. La vitesse d’exécution est généralement très lente, (bien qu’elle soit variable), donnant ainsi l’aspect singulier du Tai Chi Chuan dans le paysage des arts martiaux, qui possèdent le plus souvent un grand nombre d’enchaînements courts et à l’exécution rapide.

Son apprentissage ne demande aucun pré-requis, et est structuré en étapes, permettant ainsi une progression fluide. L’effort de mémorisation n’en reste pas moins conséquent.

Par son exécution régulière, le pratiquant développe toutes les aptitudes ; souplesse ; renforcement musculaire ; coordination ; fluidité ; travail énergétique ; connaissance des applications.

第一路

Dì Yī Lù

Premier enchaînement à mains nues du style Chen.

Nombre de mouvements

Temps d’execution

Caractéristique

Durée de l’apprentissage

Pré-recquis

74

± 20mn

Forme lente

de 3 à 5 ans

Aucun

« 无形无象,全体透空 » ; Wúxíng wú xiàng, quántǐ tòu kōng

« Sans structure et sans forme, le corps est totalement vide »

Principe de travail ; Nei-gong


La pratique du Di Yi Lu s’inscrit dans le développement de l’énergie interne (內功 ; nèi gōng). Par la mise en place du « déroulé de la soie » (缠丝 ; chán sī) d’une part, et d’autre part par le développement de l’ « écoute intérieure » . On dit aussi que dans l’exécution de cet enchaînement, c’est « le corps qui guide la main » (身领手 ; shēn lǐng shǒu), pour signifier la nécessité d’une étude fine du mouvement. Ce sont ces aspects techniques de la pratique qui amènent naturellement à la lenteur, et qui, contrairement aux apparences, demande une grande attention et une grande vivacité d’esprit.

Progression


« 习拳容易改拳难 » ; Xí quán róngyì gǎi quán nán

« S’exercer à la boxe est facile, corriger la boxe est difficile »

Qui progresse vite, progresse mal. Il est donc important d’observer certains repères afin de ne pas conforter de mauvaises habitudes et respecter des cycles d’assimilation.

Le premier mouvement – La base de la base

Il faut savoir que un « mouvement » de Tai Chi Chuan, est en réalité une séquence complexe et plus où moins longue. Le premier mouvement est l’un des mouvements les plus difficile et complet. Il constitue la « base de la base » de la pratique. Il contient la mise en place de tous les principes de coordination. Il possède de plus une très grande variété de « changements », ainsi qu’un grand nombre d’applications martiales1 liées à ces changements. Il convient donc d’obtenir une bonne maîtrise de celui-ci avant de passer au mouvement suivant. Il n’est pas rare de consacrer un mois de pratique quotidienne sur ce seul mouvement avant d’aller plus loin.

Les 15 mouvements essentiels – La base

Les 15 premiers mouvements constituent une autre étape importante de la progression. Ceux-ci offrent une variété suffisante de changements, déplacements, applications martiales, pour une étude inépuisable, et pour amener l’étudiant à une pratique complète et équilibrée. L’apprentissage séquentiel des 15 mouvements demande en moyenne un an en cours hebdomadaire ou en atelier régulier, et ils sont les fondements et le cadre de recherche primordiale, même pour les pratiquants les plus expérimentés.

« 百练不如一站 »;Bǎi liàn bùrú yí zhàn

« Pratiquer cent fois n’égale pas une position (correcte) »

L’enchaînement complèt

YiLu Chen Fake

YiLu Chen Fake

Lorsque les 15 premiers mouvements sont maîtrisés, chaque nouveau mouvement s’intègre plus rapidement. Il n’est pas rare (lors d’une pratique intensive), que la moitié de l’enchaînement ou plus, ne demande que quelques semaines d’études. Cependant, pour une mémorisation convenablement, il est nécessaire de pratiquer quotidiennement l’ensemble de l’enchaînement sur de longues périodes. C’est pourquoi, lors d’une pratique en club, il est souvent préférable de limiter le nombre de mouvements étudiés, en s’attardant toujours d’avantage sur les bases.

Certains pratiquants plus jeunes auront plus de facilité et de motivation pour apprendre tout l’enchaînement. Les plus soucieux de la qualité du geste pourront s’arrêter aux cinq premiers sans impression de lassitude.

Il ne faut jamais perdre de vue que l’enchaînement codifié est un support de travail, et non pas un objectif en soi.

Historique


Chen Wangting (陈王庭 ; Chén Wángtíng : 1587-1664 ou 1600-1680 – 9ème gén. de la famille Chen et fondateur du Taiji Quan) établit 5 formes lentes en 13 mouvements. Chen Changxing (陈长兴 ; Chén Chángxīng : 1771–1853 : 14ème gén.) combine les 5 formes lentes en une seule forme longue (大家 ; dàjiā) comportant 72 mouvements, et il place le mouvement « Gardien des cieux pile le mortier » en premier, le signifiant alors comme le mouvement le plus important. Les mouvements « ouverture » et « fermeture », ont été rajouté par la suite, pour donner la forme en 74 mouvements que nous pratiquons aujourd’hui.

Appellation

Cette enchaînement est appelé « grande forme », et se distingue alors de la « petite forme » (小架 ; xiǎo jià) qui se développe à la même période avec la lignée de Chen Youben (陈有本 ; Chén Yǒuběn : 1780-1858). Elle est aussi appelée à cette époque « nouvelle forme », pour se distinguer des anciennes formes établies par le fondateur. C’est plus tard, lorsque Chen Fake (陈发科 ; Chén FāKē : 1887-1957) met au point de nouvelles méthodes d’enseignements, que le nom de l’enchaînement devient « vieille forme », se distinguant alors de la forme transmise par Chen Fake que l’on nome « nouvelle forme ».

C’est donc la forme de Chen Changxing, appelée alors « grande forme » où désormais « vieille forme » dont il est question ici.

Nombre de mouvements

Le nombre de mouvements varie selon la façon de compter entre 72 et 84 mouvements2. Les pratiquants de la vieille forme en comptent le plus souvent 74, lorsque les pratiquants de la nouvelle forme préfèrent le plus souvent parler de 84. L’aspect plus décomposé du type de pratique de cette dernière explique cette différence, cependant, il n’existe aucune différence d’enchaînement entre les deux versions.

Noms des mouvements


La liste complète des mouvements est disponible pour nos adhérents selon les conditions d’adhésion. En voici les premier à titre d’exemple.

1 Ouverture 起势 qǐ shì
2 Gardien des cieux pile le mortier 金刚捣碓 jīn gāng dǎo duì
3 Serrer le vêtements avec indolence 揽扎衣 lǎn zhā yī
4 Six verrouillages et quatre fermetures 六封四闭 liù fēng sì bì
5 Simple fouet 单鞭 dān biān
6 Gardien des cieux pile le mortier 金刚捣碓 jīn gāng dǎo duì

Notes


1. A Chenjiagou, certains pratiquants n’ont pratiqué que ce seul mouvement toute leur vie, s’exerçant tous les jours plusieurs dizaines de fois, et ne connaissant pas les mouvements suivants. Leurs aptitudes martiales n’ont rien à envier aux pratiquants de ce que l’on appelle des « boxes fleuries ». Tout pratiquant sérieux d’art martiaux sait pertinemment que pour être efficace, il suffit de maîtriser 2 ou 3 mouvements, et non de collectionner les techniques.

2. Aspect polémique lié à la façon de compter : l’enchaînement complet n’est pour ainsi dire qu’un seul mouvement, car le déroulé est ininterrompu. Indépendamment de la rigueur de la transmission de l’enchaînement, Il s’est donc propagé plusieurs découpages, et parfois même des noms de mouvements différents. Certains poussent le découpage pour obtenir 108 mouvement, faisant ainsi référence à la forme en 108 mouvement de Tong Bei Quan pratiquée par la famille Chen jusqu’à Chen Wangting et aujourd’hui disparue. Toutefois, il n’y a pas de mouvements manquant dans l’une où l’autre de ces différentes versions.

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©Samuel Sclavis 2016

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